Résultats de l’enquête nationale sur les pratiques de jeu d’argent et de hasard en France en 2014

Les résultats de l’enquête nationale sur les pratiques de jeu d’argent et de hasard en France en 2014 viennent de paraître. A noter qu’elle estime à environ 1 million le nombre de joueurs à risque modéré, et 200 000 le nombre de joueurs excessifs en France. Elle chiffre également le jeu des mineurs. Malgré l’interdiction, ils sont un tiers a avoir joué à un jeu d’argent et de hasard au moins une fois l’année écoulée. 11% d’entre eux peuvent être considérés comme problématique (cumul du risque modéré et du jeu excessif).

Lien vers l’enquête : http://www.economie.gouv.fr/observatoire-des-jeux/note-dinformation-ndeg-6-jeux-dargent-et-hasard-en-france-en-2014

 

Colloque « Fonctions des jeux aux différents âges de la vie : du normal au pathologique » samedi 6 juin

Fonctions des jeux aux différents âges de la vie : du normal au pathologique

Samedi 6 Juin 2015, de 9h00 à 17h30

Institut de psychologie
71 avenue Édouard Vaillant
Boulogne-Billancourt

Étudiants : 15€ ; Autres : 40€

L’objectif de ce colloque est de souligner les aspects tant positifs que négatifs des différents types de jeux et de mettre en lumière leurs fonctions aux différents âges de la vie.

Thèmes et intervenants :

  • Jeux, pluralité des approches : E. Belmas (Université Paris XIII), Th. Wendling (EHESS), V. Berry (Université Paris XIII )
  • Jeux chez l’enfant : J. Wendland (Université Paris Descartes), S. Moutier (Université Paris Descartes), R. Blanc (Université Paris Descartes)
  • Jeux chez l’adolescent : O. Phan (Inserm), G. Michel (Université de Bordeaux)
  • Jeux chez l’adulte : C. Bonnaire (Université Paris Descartes), S. Barrault (Université de Tours), E. Rossé (Hôpital Marmottan)
  • Jeux chez les séniors : M. Grall-Bronnec (C.H.U de Nantes), P. Narme (Université Paris Descartes)

 

Programme complet et fiche d’inscription à télécharger ici:

Rencontre : Joueurs en société (lundi 20 avril)

Petite Salle
Centre Pompidou
Niveau -1
Entrée principale, rue Saint-Martin (Piazza)
75004   Paris
Conditions d’accès :
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Public visé :
  • Tout public
Malgré la crise, l’industrie des jeux de hasard en France ne s’est jamais aussi bien portée.
Les joueurs y voient une possibilité d’ascencion sociale que le travail ne permet plus, un moyen de se sociabiliser ou une parenthèse de liberté dans un monde moderne qui cherche à abolir l’irrationalité et le hasard.

L’addiction sexuelle [revue]

La revue Santé mentale consacre ce mois-ci son dossier thématique à l’addiction sexuelle.

Si elle n’est pas nouvelle, l’addiction sexuelle questionne depuis quelques années à la fois les contours de l’addiction et de la sexualité « normale ». Hanté par une quête effrénée de jouissance, le sex-addict démultiplie le temps consacré à la recherche de situations sexuelles diverses. Cette préoccupation a des conséquences physiques, psychologiques et sociales négatives. Comment se construit cette sexualité compulsive ? Repères théoriques, cliniques et thérapeutiques.

Voir le sommaire complet

Avec des articles, entre autres de Marc Valleur :

Addictions sans drogue : repenser l’addiction?
L’émergence des addictions sans substance questionne les définitions et les limites même de l’addiction. Un retour sur cette notion évolutive invite à souhaiter un changement de paradigme.

Et Muriel Mehdaoui

Addicts à la cyberpronographie
Alors qu’Internet a rendu très facile l’accès à des contenus pornographiques de toutes natures, les services d’addictologie reçoivent de plus en plus de patients souffrant d’addictions liées à la cyberpornographie. Illustration avec cinq vignettes cliniques.

Un jeune sur huit addict aux jeux vidéo ? [article]

C’est le chiffre livré par le récent rapport de l’Observatoire des drogues et toxicomanies. Une étude aux conclusions hâtives qui révèle notre rapport irrationnel au concept d’addiction.

Si l’objectif était de faire le « buzz » sur Internet, c’est un succès : le récent rapport publié par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a ravivé la polémique sur une éventuelle addiction aux jeux vidéo. Un spot de prévention assez maladroit de l’Institut national de la prévention et de l’éducation pour la santé (INPES), portant justement sur les jeux vidéo, a jeté de l’huile sur le feu, suscitant les foudres des industriels du secteur.

Cette enquête a été réalisée auprès de plus de 2 000 élèves – de la classe de quatrième à la première – sur leur usage des écrans. Sans grande surprise, elle souligne la place très importante prise par les écrans et les jeux vidéo dans la vie de ces adolescents. Avec une moyenne de 11 écrans par domicile, 84 pour cent des sujets possèdent une console de jeux, et 74 pour cent une tablette. Le temps passé devant ces écrans dépasserait « souvent » cinq à six heures par jour, le jeu vidéo étant l’une des activités les plus prisées (pratiquée au moins une fois par semaine par 92 pour cent des garçons et 78 pour cent des filles au lycée).

(« Point de vue » écrit par Marc Valleur)

Suite en accès payant : http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-un-jeune-sur-huit-addict-aux-jeux-video-33989.php

Ou en librairie dans Cerveau & Psycho, n°68, avril mai 2015

[@ddict ? Un MOOC collaboratif sur nos usages du numérique

Un MOOC est une formation en ligne ouverte à tous.

Vous pouvez visionner la première conférence sur les usages du numérique. Elle s’est déroulée le vendredi 9 janvier, animée par Didier Acier et Philippe Decan. Les invités sont Marc Valleur et Jean-Luc Vénisse, tous les deux psychiatres. Elle aborde plus particulièrement la question de l’addiction.

Suite :

[étude] Écrans et jeux vidéo à l’adolescence

Quelles sont les pratiques d’écrans susceptibles de poser problème à l’adolescence ? Comment repérer les signes d’un usage problématique de jeux vidéo ? Afin de répondre à ces questions, à l’initiative de la consultation jeunes consommateurs (CJC) du centre Pierre-Nicole de la Croix-Rouge française et en partenariat avec l’OFDT, une recherche a été mise en place, grâce au soutien de l’agence régionale de santé d’Île-de-France et du ministère de la Santé.

Menée auprès de plus de 2 000 élèves de la région parisienne (de la 4e à la 1re) pendant l’année scolaire 2013-2014, l’enquête PELLEAS (Programme d’étude sur les liens et l’impact des écrans sur l’adolescent scolarisé) a exploré les facteurs associés à une pratique problématique d’écrans à l’adolescence (perturbations scolaires et de socialisation), en s’intéressant tout particulièrement aux usagers de jeux vidéo.

Les jeunes ont ainsi été interrogés sur les sept items d’une échelle de repérage précoce de l’usage problématique de jeu vidéo validée pour les adolescents (la Game Addiction Scale, dite échelle de Lemmens), pour déterminer s’il leur était déjà arrivé d’échouer à réduire leur temps de jeu, d’y passer un temps de plus en plus important, de penser toute la journée à un jeu vidéo, de négliger d’autres activités pour pouvoir continuer à jouer, de jouer pour oublier « la vraie vie », d’avoir essuyé des remarques de l’entourage à propos de leur pratique ou de se sentir mal en cas d’impossibilité de jouer. Une minorité de jeunes déclarent plusieurs de ces situations et, au regard des critères de cette échelle, 14 % des joueurs hebdomadaires seraient en situation d’usage problématique de jeu. Compte tenu du caractère régional de l’étude et de ses objectifs (qui n’étaient pas de quantifier le phénomène mais de décrire les profils d’usage problématique), ce chiffre doit être interprété avec prudence.

Il apparaît par ailleurs que les joueurs problématiques identifiés par l’enquête jouent davantage à tous les types de jeux mais beaucoup plus souvent que les autres aux jeux de rôle, de type MMORPG (Massively Multiply Online Role Player Game), et aux jeux de stratégie, tels que les MMORTS (Massively Multiplayer Online Real Time Strategy), qui se jouent souvent en ligne.

Enfin, un certain nombre de facteurs associés à l’usage problématique ont pu être identifiés. Outre le genre (les garçons étant plus exposés que les filles), les circonstances de jeu (jouer seul et/ou en ligne), le fait d’avoir sa propre console de jeux, et de jouer à un grand nombre de jeux s’avèrent positivement liés à l’usage problématique à l’adolescence. Il en va de même pour les adolescents en situation de mal- être ou de « dépressivité », ceux qui ont déjà redoublé ou qui ont des parents eux-mêmes « souvent » ou « très souvent » connectés. D’une façon générale, les profils de joueurs problématiques se retrouvent parmi les adolescents dont l’encadrement parental est faible, par exemple ceux qui déclarent que leurs parents ignorent où ils sont le soir. Les adolescents indiquant qu’ils ne peuvent pas parler facilement à leurs parents, ni trouver du réconfort auprès d’eux sont également plus sujets aux comportements problématiques de jeu.

Télécharger l’étude (pdf)

 

Festival de cinéma « Addiction à l’oeuvre »

La société de programmation dfilms lance son 1er cycle de séances du 28 novembre au 7 décembre 2014. En partenariat avec la Fédération Addiction et SOS Addictions, le festival « Addiction à l’oeuvre » propose la construction d’une histoire de cinéma autour du thème des addictions.

Projections, mais aussi conférences, publications, exposition d’art viendront nourrir ce projet pluridisciplinaire, qui se déroulera en 5 parties jusqu’à 2019.

Une soirée inaugurera ce préambule le 28 novembre à 20h. Pour assister à cette soirée Dean Martin, avec la projection du film Rio Bravo, il faudra se rendre cinéma Grand Action (Prix d’une séance classique). Pas d’inscription préalable mais nécessité d’arriver tôt pour bénéficier d’une place!

Revue : toxicomanie au féminin

PSYT_193_L204

Le dernier numéro de la revue Psychotropes (volume 19, n°3-4, 2013) est consacré au rapport des femmes avec les drogues.

Editorial

Depuis leur création dans les années 70, les structures de prise en charge pour toxicomanes ont toujours été plus fréquentées par les hommes que par les femmes. Et ce, dans un rapport remarquablement stable de l’ordre de 75-80% vs 20-25%.

Des études ont cherché à comprendre s’il y aurait des spécificités à la toxicomanie féminine. Un pourcentage si bas serait-il la traduction d’une souffrance qui s’exprimerait dans d’autres champs de la pathologie mentale (l’anorexie par exemple) ? Ou bien incarnerait-il un rapport différent à la violence du produit et son environnement ? À moins que, tout simplement, les structures elles-mêmes soient moins bienveillantes avec les femmes qu’avec les hommes ? Une autre particularité du débat réside dans le fait que, parfois, il est difficile de savoir si l’on parle de la toxicomanie féminine à travers l’individu femme, ou à travers le prisme exclusif de son statut de mère, actuel ou potentiel. Et si l’enjeu serait non pas l’impact physique et psychique du produit chez la femme mais « seulement » l’impact du produit sur la qualité de la relation mère-enfant, comme si la femme n’était que mère.

Marion BARRAULT déplore ainsi le fait que, dans les études de prévalence entre autres, les spécificités d’usage de substances liées au sexe ne soient pas systématiquement abordées. Cependant, à travers quelques publications internationales, l’auteure tente de montrer en quoi la toxicomanie au féminin se démarque de la toxicomanie masculine. Les femmes toxicomanes seraient par exemple plus sensibles aux effets délétères des consommations avec moins de ressources en termes d’éducation, de revenu ou d’emploi et une histoire plus fréquemment marquée par des abus sexuels ou physiques. Elle décrit également la problématique spécifique que développe le fait de devoir jouer un rôle de mère et d’être en responsabilité d’enfants

Et pourtant, l’étude de Laurence SIMMAT-DURAND et coll. sur les trajectoires des femmes en sortie des addictions montre que c’est rarement une grossesse qui « leur a permis d’arrêter l’alcool ou l’héroïne, même si la maternité reste bien souvent la seule carrière possible de ces femmes, source d’identité et de valorisation ». À partir d’un échantillon de 116 femmes correspondant à 151 histoires procréatives, l’auteure décrit l’impact des grossesses dans leurs trajectoires d’addiction avec, par exemple, ce décalage entre un âge de première grossesse à 21 ans en moyenne et celui d’une première demande de soins à 26 ans.

C’est cette problématique qui explique pour Olivier THOMAS le regain actuel d’intérêt pour la toxicomanie au féminin. Après avoir défini la toxicomanie au féminin comme « une solution auto-thérapeutique passionnelle suite à un traumatisme », l’auteur interroge ce lien entre l’être femme et l’être mère notamment par l’étude d’un cas clinique.

Cette « discrétion » féminine dans le monde des addictions se poursuit avec les addictions sans drogues. Comme le signale Zorka DOMIC, dans le jeu pathologique, l’essentiel des publications est fait à partir de patients et non de patientes. Le jeu pathologique chez la femme ne serait qu’une « simple transposition ». À travers des vignettes cliniques, l’auteure met en évidence quelques éléments du profil psychologique de la femme addicte au jeu, tels que la solitude et l’ennui, l’angoisse et la mésestime de soi. Cet article se conclut sur le constat évoqué plus haut d’une plus grande difficulté d’accession aux soins « en raison de la violence provoquée par la stigmatisation et les préjugés sociaux dont elles sont encore victimes ».

C’est, entre autres, parce que les choses semblent s’organiser ainsi que l’article de Tiphaine SCULO est original puisqu’elle prend comme illustration dans la deuxième partie de son article, le cas clinique non pas d’un joueur pathologique mais d’une joueuse pathologique. Dans une première partie, cet article interroge la notion d’abstinence et de jeu contrôlé au regard des différents profils psychologiques des joueurs pathologiques. La typologie existante rend compte d’une grande hétérogénéité du profil de ces patients, nécessitant une adaptation personnalisée du parcours de soin, et donc une large gamme d’options d’intervention.

Dans cette optique, la communication de Davide ELOS est alors particulièrement pertinente. En effet, après avoir fait le constat que les communautés mixtes risquaient pour ces patientes d’être le lieu de la répétition des relations pathologiques habituellement vécues par elles, l’auteur témoigne de l’intérêt d’une communauté exclusivement féminine pour accueillir et prendre en charge ces femmes. En les protégeant d’un masculin vécu par celles-ci comme « la figure abusive » constituant « leur principale référence affective », une première phase du parcours thérapeutique peut être initiée. C’est ainsi que fut créée la communauté thérapeutique Fragole Celesti, à la fois lieu médico-sanitaire, récréatif et socialisant mais aussi lieu de prise en charge psychologique et de réinsertion professionnelle.

Dans ce numéro vous trouverez également 4 varias.

Le premier varia concerne cette problématique posée par Irène CODINA et qui prend de plus en plus de place dans nos consultations, à savoir la cyberaddiction sexuelle. Dans cette addiction, il convient de dégager à la fois l’addiction sexuelle d’une part et l’addiction sexuelle via Internet, d’autre part[1]. L’auteure dégage deux sous-groupes dans la patientèle prise en charge à Marmottan : ceux pour qui internet a été l’amplificateur de l’addiction sexuelle et ceux pour qui il fut déclencheur. Mais la notion d’addiction sexuelle via Internet reste controversée. Ceci est d’autant plus regrettable que cela dissuade des équipes d’engager des prises en charge qu’elles sauraient faire pour permettre à ce type de patients « de vivre plus confortablement avec lui-même et avec les autres. » Ces prises en charge rencontrent des éléments classiques tels que nous les connaissons dans les addictions : la relativité de l’urgence, la notion de temps et l’évolution propre du patient par exemple.

Le second varia propose une ré-interrogation par Lise DASSIEU du concept relativement ancien de seuil d’exigence. Issue du secteur du travail social, cette notion a été déclinée dans le milieu de la santé sous divers modes que ce soit dans le domaine de la réduction des risques puis dans celui des traitements de substitution. Mais cette notion a été pensée par le bas et « ne désigne pas ici une diversité de niveaux d’exigence mais bien une adaptation de l’exigence à un public spécifique ». L’auteure redéfinit les notions de haut et de bas seuil qui ne sont pas forcément les acceptions les plus habituellement répandues.

Le troisième varia concerne les programmes d’échanges de seringues (PES) en prison. Exclusivement situées en Europe et en Asie Centrale, Ivana OBRADOVIC propose une revue internationale de ces expériences. Celles-ci permettent de tirer un bilan largement positif. Dans les pays qui n’ont pas développé de PES en prison, l’eau de Javel est proposée comme outil de RDR. Malheureusement, il persiste des doutes quant à l’efficacité de celle-ci en situation réelle (shoot et durée de désinfection) et encore plus sur le VIH. C’est le constat de cette inefficacité qui a poussé l’OMS à encourager le développement des PES.

Pour terminer ce numéro, nous vous proposons les réflexions et le constat fait par Julia MONGE sur un thème très peu souvent abordé qui est celui de la consommation de cannabis en famille, conjointement par les parents et/ou les enfants. Cette consommation a diverses significations. Lorsque l’usage est isolé et le fait de l’adolescent, cela correspondrait à une réinterrogation du cadre et des limites familiales. Dans le cas de l’usage simple, le partage occasionnel ne semble pas affecter la structure familiale si celle-ci se fonde sur une relation tridimensionnelle équilibrée. Par contre, une addiction partagée traduit « une profonde perturbation des relations interpersonnelles en contribuant à inverser l’ordre générationnel et à brouiller les limites spatiales. » (dehors/dedans, in/off).

 

[1] NDLR : Nous avions proposé il y a quelques années de différencier les cyberdépendances (créées de novo par internet : chat, réseaux sociaux, infolisme etc.), et les dépendances cyberassistées (utilisant Internet comme moyen de diffusion d’un type de pathologie existant déjà antérieurement : jeu, sexe, achats compulsifs, etc.). La cyberaddiction sexuelle nous semble plutôt relever du deuxième groupe, celui des dépendances cyberassistées : voir « Les addictions à Internet » M. Hautefeuille, D. Véléa, 2eme édition, PBP, Editions Payot, 2014, Paris.