Marisol Touraine defend les salles de shoot devant les deputés

Marisol Touraine a défendu devant les députés, mercredi 15 octobre, l’expérimentation de « salles de shoot »prévue dans son projet de loi santé, affirmant qu’il s’agissait qu’une question de « santé » et « d’accompagnement » des toxicomanes, et non « pas d’idéologie »« Moi je ne veux pas que des enfants […] jouent dans des bacs à sable où traînent des seringues », a ainsi déclaré la ministre de la santé. L’expérimentation de « salles de shoot », prévue dans le projet de loi relatif à la santé, n’en est qu’au stade de la présentation en conseil des ministres, mercredi, mais, déjà, les députés se sont emparés du sujet. Yannick Moreau (UMP, Vendée) entend déposer une résolution contre leur « légalisation », signée par cent un parlementaires. Une réponse au gouvernement, mais aussi au groupe socialiste, qui, à la mi-septembre, avait déposé une proposition de loi en vue d’autoriser l’expérience.

source : Le Monde.fr

L’expérimentation des « salles de shoot » durera six ans (projet de loi)

Le ministère de la Santé prévoit une expérimentation de salles de consommation de drogue à moindre risque (SCMR), parfois appelées « salles de shoot » pendant une durée de six ans, selon l’avant projet de loi relatif à la santé dont l’AFP a obtenu copie.

Le texte précise dans son article 8 que « à titre expérimental et pour une durée de six ans », des centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour toxicomanes mettront en place un espace de consommation de drogues supervisée.

« Dans cet espace, sont accueillis des usagers de stupéfiants et d’autres substances psychoactives, majeurs, qui apportent et consomment sur place ces produits, sous la supervision » de professionnels de santé et du secteur médico-social, précise le texte.

La supervision, ajoute l’avant-projet, consiste à « mettre en garde les usagers contre les pratiques à risques, à les accompagner et leur prodiguer des conseils » sur les modalités de consommation des drogues, « afin de prévenir ou de réduire les risques de transmission des infections et les autres complications sanitaires », sans que les professionnels participent « aux gestes de l’injection ».

Une évaluation de l’expérimentation aura lieu six mois avant la fin.

Le projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres en septembre, pour un examen au Parlement début 2015.

Les centres qui mettront en place ces « salles de shoot » seront désignés par arrêté du ministre chargé de la Santé.

Un centre devait voir le jour l’an dernier près de la gare du Nord à Paris, mais avait été reporté sine die en octobre quand le Conseil d’Etat a recommandé, en préalable à toute expérimentation, l’adoption d’une loi, afin d’assurer une meilleure garantie juridique au dispositif.

Le gouvernement avait donné en février 2013 son feu vert à l’expérimentation de la salle, destinée aux toxicomanes précarisés, qui se shootent dans la rue, les sanisettes, parkings ou halls d’immeubles, dans des conditions d’hygiène déplorables.

Dans son exposé des motifs, le ministère rappelle que de telles salles existent dans plusieurs pays européens (Allemagne, Luxembourg, Espagne, Suisse) et que « leur bilan est positif pour protéger » les toxicomanes « des risques sanitaires de l’injection ».

Ces salles ont aussi pour objectif de « réduire les nuisances dans l’espace public », précise-t-il.

Source : http://www.afp.fr/fr/node/2778350/#.VAC6qS9DdcY.twitter

 

Décision du Conseil d’Etat sur la salle d’injection supervisée : toute la politique de réduction des risques menacée

Si la loi du 31 décembre 1970 est toujours en vigueur, elle est évidemment en porte-à-faux avec l’évolution du champ de l’addictologie depuis 40 ans.

Cette loi, en pénalisant toujours le simple usage de certaines substances, est contredite par les mesures réglementaires qui, depuis le décret de Barzach de 1987 (qui permet la vente libre des seringues en pharmacie) ont institué le grand cadre de la réduction des risques. Il est inutile de souligner que ce cadre a depuis longtemps fait ses preuves en termes de santé publique.

L’un des arguments – paradoxalement – mis en avant pour défendre la loi de 70 est le fait qu’elle ne serait jamais appliquée (de façon générale, le simple usage ne serait pas l’objet de réelles sanctions judiciaires) ! Cette décision montre tout le contraire. Ce sont les usagers qu’elle condamne (et elle risque de fait d’en condamner certains à mort).

Au moment où de nombreux pays remettent en question la « guerre à la drogue » et y cherchent des alternatives, en prenant cette décision, c’est 25 ans d’élaboration d’une politique en matière d’usage de drogue, de toxicomanie, d’addiction, qui sont remis en question.

En tirant sur le fil de la salle d’injection supervisée, c’est tout le tissu de la politique des addictions que le conseil d’État va défaire.

Dr. Marc Valleur
Médecin-chef

Voir La charte pour une autre politique des addictions.

Lire le Communiqué de presse du Réseau Français de Réduction des risques du 10 octobre 2013

Lire le communiqué de presse de Laurence Cohen Sénatrice du Val-de-Marne

Lire le communiqué de presse de la Fédération Addiction