Krokodil, la menace est-elle réelle ? (Eurotox)

La krokodil est une préparation artisanale injectable à partir de désomorphine, apparue en Sibérie au début des années 2000. Depuis quelques années, des articles de presse annoncent une arrivée en Europe de cette drogue, qui ronge le corps des consommateurs en détruisant les tissus et provoquant des gangrènes. Elle concernerait 100 000 personnes, accrochées à ce produit en Russie. Cependant, quelle est la part de véracité parmi les éléments que la presse véhicule ? Par exemple, aucune source n’est jamais mentionnée concernant le nombre de consommateurs. Les images circulant pour illustrer les ravages de cette drogue avaient déjà été utilisées pour documenter une autre drogue marginale. Il ne semble pas exister de données scientifiques fiables corroborant ces constats.

D’ailleurs, les seuls documentaires complets sur cette drogue que nous avons pu trouver sur Internet ne proposent aucune image de membres mutilés. On y voit plutôt de jeunes consommateurs vivant dans la misère et sans perspectives d’avenir au sein de régions économiquement mortes et quasiment désertées. Ils présentent certes des lésions et abcès parfois sérieux, mais assez similaires à ceux que l’on est susceptible d’observer chez tout usager de drogues par injection qui ne disposerait pas des moyens et des connaissances techniques permettant de s’injecter de manière sécuritaire (matériel stérile, produit sans impureté ou produit de coupe dangereux, etc.). En effet, l’injection n’est pas un acte anodin : c’est une pratique invasive qui nécessite des précautions d’asepsie rigoureuses. Il s’agit d’ailleurs d’un acte médical qui ne peut être légalement posé que par un médecin ou un(e) infirmier(ère). Une injection mal opérée (injection dans une artère, en dehors du réseau veineux, etc.), mal préparée (présence dans la seringue de bulles d’air, de corps solides ou non métabolisables, etc.), ainsi que l’utilisation de matériel non stérile peuvent avoir des conséquences graves et parfois létales. Par conséquent, s’injecter des drogues artisanales produites dans des conditions d’amateurisme et d’insalubrité telles que celles qui sont documentées en Russie ne peut être que dommageable pour la peau, les tissus et les organes périphériques au point d’injection, et cela peut bien évidemment s’avérer rapidement fatal. [extrait de l’article]

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