[article] Dopage au travail : les entreprises sortent enfin du déni

Amphétamines, cocktails caféinés, cocaïne… Pour des raisons personnelles ou pour rester performants, certains salariés consomment des substances illicites. Les entreprises sortent enfin du déni et commencent à mettre en place des actions de prévention et d’accompagnement.

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Le dopage en entreprise ? C’est ce postier qui prend 20 à 25 gélules caféinées par jour, l’équivalent de cinq expressos pour chaque dose. Ou ce cadre en open space qui s’envoie une pointe de cocaïne toutes les 45 mn pour rester à son niveau de performance… Un dopage presque invisible en entreprise.

Ces deux exemples sont tirés du quotidien du docteur Michel Hautefeuille, spécialisé sur la question des addictions à l’hôpital Marmottan. Les premiers salariés qu’il a reçus en consultation venaient de La Défense. Désormais tous les secteurs, tous les métiers sont concernés, du coursier au financier, du postier à l’enseignant. « Ce sont soit des salariés déjà addicts et qui viennent travailler, ce qui relève de cas personnels ou individuels, soit des salariés qui sont amenés à augmenter leurs performances à travers des produits pour faire face à ce qui leur est demandé. »

Aujourd’hui, ils ont à leur disposition un éventail varié de dopants : caféine, cocaïne, tranquillisants et amphétamines, ces dernières connaissant un succès croissant, sachant qu’il est relativement aisé de se les procurer sur Internet.

En octobre 2015, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies sur la consommation des substances psycho-actives en milieu professionnel estimait que 9% des salariés consomment du cannabis, 0,8% de la cocaïne et 0,5% de l’ecstasy ou des amphétamines. Avec des différences notoires en fonction du sexe et de la profession.

Ce sont les employés hommes qui consomment le plus de cocaïne (3,6%) et d’ecstasy / amphétamines (2,4%), loin devant les cadres (0,6% dans les deux cas).

Chez les femmes en revanche, ce sont les postes de cadres qui sont les plus impactés (0,6% et 0,3%).

Les niveaux de consommation diffèrent également selon les secteurs. Les substances illicites sont plus consommées dans le secteur des arts et spectacles et celui de l’hébergement et de la restauration.

Une préoccupation croissante des entreprises

Les entreprises prennent aujourd’hui conscience de la situation. En témoigne la forte participation de DRH et directeurs d’unité à la Journée nationale de prévention des conduites addictives en milieux professionnels, organisée le 22 octobre dernier par la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives). « Jusque-là, le thème de ces journées de réflexion n’attirait que des médecins du travail et des professionnels de la santé », remarque Michel Hautefeuille.

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[étude] Substances illicites ou détournées : les tendances récentes analysées par le dispositif TREND/SINTES

Le numéro 96 de Tendances publié par l’OFDT rassemble les principaux résultats du quatorzième exercice d’observation du dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) centré sur les usages de drogues illicites et les populations particulièrement consommatrices.
Les auteurs, Agnès Cadet-Taïrou, Michel Gandilhon, Magali Martinez et Thomas Néfau, reviennent sur les tendances émergentes et les éléments marquants de l’année 2013 ainsi que les premiers constats pour 2014.
La précarisation accrue des usagers à l’insertion sociale fragile en période de crise économique, la diversification des modes de diffusion des substances avec le poids croissant d’Internet et de la voie postale et la hausse des teneurs moyennes de différents produits (cannabis, MDMA/ecstasy, héroïne et cocaïne) constituent les principaux points analysés.
Ce numéro de Tendances est complété par la mise en ligne simultanée de 7 synthèses régionales produites par les sites du dispositif TREND à Bordeaux, Lille, Marseille, Metz, Paris, Rennes et Toulouse.

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Rapport : Prendre le contrôle, sur la voie de politiques efficaces en matière de drogues

rapport_GCODP_sept2014-211x300Publié par la Commission globale de politique en matière de drogues le 9 septembre, le rapport « Prendre le contrôle : sur la voie de politiques efficaces en matière de drogues » revient sur la nécessité d’envisager une régulation du marché des drogues, les alternatives à l’incarcération, ainsi que de mettre davantage l’accent sur ​​les approches de santé publique.
Résumé des recommandations :
Assurer avant tout la santé et la sécurité des collectivités requiert une réorientation fondamentale des priorités et des ressources en matière de politiques, qui permettrait d’abandonner les mesures punitives inefficaces au profit d’interventions sanitaires et sociales éprouvées. Lire plus

Cesser de criminaliser l’usage et la possession de drogues – et cesser de « traiter » de force des personnes dont la seule infraction est l’usage ou la possession de drogues. Lire plus

Viser en priorité une réduction du pouvoir des organisations criminelles et de la violence et l’insécurité engendrées par la concurrence entre elles ainsi qu’avec l’État. Lire plus

Profiter de l’occasion offerte par la SEAGNU de 2016, qui approche à grands pas, pour réformer le régime mondial des politiques en matière de drogues. Lire plus

Assurer un accès équitable aux médicaments essentiels, en particulier les analgésiques à base d’opiacés. Lire plus

Appliquer d’autres options que l’incarcération pour les acteurs non violents du bas de l’échelle du trafic de drogue, tels les fermiers et les passeurs, entre autres personnes engagées dans la production, le transport et la vente de substances illégales. Lire plus

Permettre et appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés de drogues actuellement interdites, en commençant, sans s’y limiter, par le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psychoactives. Lire plus

Fiches de sensibilisation aux drogues

tableau de sensibilisation aux droguesLa gendarmerie royale du Canada publie sur son site un tableau récapitulatif des principales substances et tendances actuelles. Il vise à renseigner le public sur les principales substances consommées, leurs effets et conséquences, les divers modes de consommation, les signes et symptômes observables, le statut légal, etc. Des ressources d’aide et divers messages de prévention utiles s’y retrouvent également.

On peut télécharger le tableau en haute résolution (jpeg) ou bien les fiches imprimables (pdf)