[radio] Jeux d’argent : la passion du hasard

Marc Valleur, ancien médecin-chef de l’hôpital Marmottan, participait hier à l’émission « entendez-vous l’écho ? » sur France Culture.

Partiellement ouverte à la concurrence depuis 2010, la pratique des jeux d’argent et de hasard interroge sur la place de l’Etat pour encadrer ces pratiques et accompagner les joueurs pour éviter qu’ils ne tombent dans une forme d’addiction.

Pour réécouter l’émission :

https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/les-jeux-de-leconomie-34-la-passion-du-hasard

[Site internet] Joueurs info Service

Le site Joueurs info service s’enrichit de nouvelles vidéo. On peut les découvrir ici :

Nouveau groupe de parole, dédié aux joueurs d’argent

Nous vous proposons un nouveau rendez-vous mensuel : un groupe de parole à destination des joueurs de jeux de hasard et d’argent. Il sera animé par une psychologue et un médecin de l’équipe. La première date est le :

samedi 2 avril de 11h à 12h30

à l’hôpital Marmottan, 17 rue d’armaillé, 75017 Paris.

Il se répètera ensuite un samedi par mois.

Toute personne concernée par l’utilisation problématique des jeux d’argent et de hasard peut participer.

L’objectif est de partager et d’échanger ses expériences, d’obtenir des informations et du soutien, mais sans entrer dans l’individualité des prises en charge.

Ces réunions sont anonymes et gratuites.

Inscription auprès du secrétariat de Marmottan : 01 56 68 70 30.

Joueurs en société

Captation vidéo de la conférence « joueurs en société »

http://archives-sonores.bpi.fr/fr/doc/4166/Joueurs+en+societe

Avec Thomas Amadieu ; Marie Redon ; Marc Valleur

 

  • 20/04/2015
  • Petite salle, Centre Pompidou
  • Rencontre
  • Economie, Sociologie
  • 01:39:23

 

Résumé :

Malgré la crise, l’industrie des jeux de hasard en France ne s’est jamais aussi bien portée. Les joueurs y voient une possibilité d’ascension sociale que le travail ne permet plus, un moyen de se sociabiliser ou une parenthèse de liberté dans un monde moderne qui cherche à abolir l’irrationalité et le hasard.

Résultats de l’enquête nationale sur les pratiques de jeu d’argent et de hasard en France en 2014

Les résultats de l’enquête nationale sur les pratiques de jeu d’argent et de hasard en France en 2014 viennent de paraître. A noter qu’elle estime à environ 1 million le nombre de joueurs à risque modéré, et 200 000 le nombre de joueurs excessifs en France. Elle chiffre également le jeu des mineurs. Malgré l’interdiction, ils sont un tiers a avoir joué à un jeu d’argent et de hasard au moins une fois l’année écoulée. 11% d’entre eux peuvent être considérés comme problématique (cumul du risque modéré et du jeu excessif).

Lien vers l’enquête : http://www.economie.gouv.fr/observatoire-des-jeux/note-dinformation-ndeg-6-jeux-dargent-et-hasard-en-france-en-2014

 

Colloque « Fonctions des jeux aux différents âges de la vie : du normal au pathologique » samedi 6 juin

Fonctions des jeux aux différents âges de la vie : du normal au pathologique

Samedi 6 Juin 2015, de 9h00 à 17h30

Institut de psychologie
71 avenue Édouard Vaillant
Boulogne-Billancourt

Étudiants : 15€ ; Autres : 40€

L’objectif de ce colloque est de souligner les aspects tant positifs que négatifs des différents types de jeux et de mettre en lumière leurs fonctions aux différents âges de la vie.

Thèmes et intervenants :

  • Jeux, pluralité des approches : E. Belmas (Université Paris XIII), Th. Wendling (EHESS), V. Berry (Université Paris XIII )
  • Jeux chez l’enfant : J. Wendland (Université Paris Descartes), S. Moutier (Université Paris Descartes), R. Blanc (Université Paris Descartes)
  • Jeux chez l’adolescent : O. Phan (Inserm), G. Michel (Université de Bordeaux)
  • Jeux chez l’adulte : C. Bonnaire (Université Paris Descartes), S. Barrault (Université de Tours), E. Rossé (Hôpital Marmottan)
  • Jeux chez les séniors : M. Grall-Bronnec (C.H.U de Nantes), P. Narme (Université Paris Descartes)

 

Programme complet et fiche d’inscription à télécharger ici:

Rencontre : Joueurs en société (lundi 20 avril)

Petite Salle
Centre Pompidou
Niveau -1
Entrée principale, rue Saint-Martin (Piazza)
75004   Paris
Conditions d’accès :
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Public visé :
  • Tout public
Malgré la crise, l’industrie des jeux de hasard en France ne s’est jamais aussi bien portée.
Les joueurs y voient une possibilité d’ascencion sociale que le travail ne permet plus, un moyen de se sociabiliser ou une parenthèse de liberté dans un monde moderne qui cherche à abolir l’irrationalité et le hasard.

Les jeux d’argent et de hasard sur Internet en France en 2012

tend85La loi du 12 mai 2010, a organisé une « ouverture maîtrisée à la concurrence » du marché des jeux d’argent et de hasard (JAH) en ligne dans trois domaines : les paris sportifs, les paris hippiques et le poker. Deux enquêtes menées conjointement afin d’estimer le nombre de joueurs en ligne en dressant leur profil, ont été réalisées deux ans après la promulgation de cette loi, par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et l’Observatoire des jeux (OJD).

Les joueurs en ligne

3,7% des personnes âgées de plus de 18 ans, soit environ 2 millions de personnes, déclarent avoir joué à un jeu d’argent et de hasard (JAH) en ligne au cours des 12 mois précédant l’enquête et un quart de ces joueurs utilisent exclusivement cet outil. Comme pour les jeux traditionnels, ce sont les hommes qui jouent le plus en ligne (57% des joueurs). Internet apparaît davantage utilisé par les jeunes générations et par des joueurs plus diplômés. Plus de la moitié des joueurs en ligne (54,4%) disent avoir recours uniquement à des sites légaux et plus du quart (26,5%) fréquentent à la fois des sites légaux et d’autres qui ne le sont pas ou qui se présentent comme étant hors du cadre de la loi. Près de 2 joueurs sur 10 (19,1%) ne fréquentent que des sites non régulés. Cette offre non régulée concerne une part très importante de femmes. Leur proportion y est quasiment deux fois plus importante que sur les sites légaux (64,5% vs 34%). Ce point paraît lié à leur fréquentation de sites de jeux de tirage et de grattage illicites et à leur pratique de jeux d’adresse, de réflexion ou de chance présentés comme « gratuits ».

La part du jeu problématique

La proportion de joueurs en ligne problématiques dans l’année est estimée à 17% avec 6,6% de joueurs excessifs et 10,4% de joueurs à risque modéré. Les niveaux sont plus élevés pour les jeux non régulés. En comparaison, l’enquête de 2010 sur le jeu traditionnel (i-e en « dur ») estimait alors le nombre de joueurs problématiques dans l’année à 2,8% avec 0,9% de joueurs excessifs et 1,9% de joueurs à risque modérés. Ce résultat, conforme à celui observé dans d’autres pays, traduit un risque plus élevé sur Internet où la part des joueurs occasionnels est moins importante.

Télécharger le n° 85 de Tendances

Visite de deux ministres au Centre Médical Marmottan

Mardi 18 juin 2ministres013, Valérie Fourneyron, ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Education popu­laire et de la Vie asso­cia­tive et Bernard Cazeneuve, ministre du budget ont visité et rencontré les professionnels du Centre Médical Marmottan. La visite était suivie d’une conférence de presse sur le thème de l’addiction aux jeux, et principalement des jeux en ligne, en présence des deux ministres et du Dr Valleur.

Le gouvernement compte ainsi s’attaquer aux problèmes d’addiction liée aux jeux d’argents.

Au cours de cette conférence, les ministres ont annoncé la proposition par voie législative de 4 mesures de protection des joueurs dans le cadre de la lutte contre l’addiction aux jeux d’argent et de hasard (JAH) :

- renforcer la lutte contre les sites de jeux illégaux et leurs publicités.
- autoriser la Française des Jeux (FDJ) à consulter et à utiliser le fichier des interdits de jeux (35.000 noms)
- renforcer la protection des joueurs dans le cas où l’opérateur de jeux fait faillite ou fraude.
- renforcer les sanctions à l’égard des opérateurs qui auraient commis une faute grave.

Quelques remarques sur le jeu excessif et les addictions sans drogues

par Docteur Marc Valleur, médecin chef du Centre médical Marmottan.

La venue au centre Marmottan de M. le ministre du Budget est un signal fort, dont les soignants ne peuvent que se réjouir, puisqu’elle démontre une volonté politique de prise en compte de la dimension potentiellement addictive des jeux d’argent et de hasard. C’est un signal d’autant plus fort qu’il eût été difficile de l’imaginer il y a seulement quelques années, lorsque l’idée de regrouper le jeu pathologique parmi les addictions, au côté de l’alcoolisme, du tabagisme, des toxicomanies, avait du mal – mais c’est toujours un peu le cas lorsqu’il s’agit de jeu – à être prise au sérieux.

Il est de fait temps que la France prenne la mesure du problème et que se construise une véritable politique des jeux, qui tienne compte du phénomène de société que constitue l’extension de l’offre de jeux, des changements apportés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, mais aussi de la dimension sanitaire induite par cette évolution.

Les quelques trop rares équipes qui ont commencé à recevoir des joueurs compulsifs, « pathologiques », excessifs, savent la quantité de souffrance que représente cette addiction, pour les joueurs concernés, mais aussi pour leur entourage.

C’est pourquoi, malgré toutes les discussions et querelles d’experts quant au statut des « addictions sans drogues », quant à leur homologie totale avec les toxicomanies ou l’alcoolisme, personne ne songe à nier cette dimension de souffrance, ni la nécessité d’y apporter des réponses, qui doivent comporter un volet sanitaire.

L’expertise collective de l’INSERM aura été la première manifestation d’une volonté de prendre en compte les souffrances liées au jeu excessif, et elle doit être suivie de la première enquête épidémiologique sur le sujet, menée par l’OFDT en collaboration avec l’INPES.

Reste à construire un réseau qui apportera des réponses concrètes en termes de prévention, d’information, et de soins.

La promotion de la notion de « jeu responsable » a été décidée, elle aussi, assez récemment, puisqu’on peut la dater de la création du COJER en 2006.

Cette notion implique une inflexion importante des discours, et de la politique en matière de jeu, jusque là fondée sur une forte canalisation de l’offre, liée à une prohibition millénaire, d’origine religieuse, puis morale.

Ce cadre prohibitionniste n’était pas une absence de politique : les contraintes d’une prohibition, ou d’un certain degré de prohibition, sont dans certains cas le prix qu’une majorité accepte de payer, par solidarité avec les personnes les plus à risque, qui seraient les victimes d’une libéralisation brutale.

Mais remettre en cause ce cadre est cependant justifié par la nécessité de canaliser une offre déjà plus que présente sur Internet. Surtout, l’augmentation très importante de l’offre, évidente depuis 1990, l’évolution qualitative de cette offre, avec la part croissante des « jeux de sensation » par rapport aux « jeux de rêve », finirait par rendre peu crédible un régulateur trop étroitement lié aux opérateurs.

Le projet de loi porte sur un aspect très partiel de l’offre ludique, les paris hippiques et sportifs, ainsi que le poker sur Internet, mais il représente un changement considérable : il s’agit bien aujourd’hui de construire une véritable politique du jeu, dont la prise en compte de la dimension addictive doit être un élément.

Le jeu responsable ne peut simplement signifier que chaque individu sera responsable de sa conduite, face à une offre totalement libre : la responsabilité doit être entendue comme partagée entre les joueurs, les opérateurs, et le régulateur.

On ne peut que souhaiter que les débats soient à la hauteur de l’enjeu : à travers les modes de régulation du jeu, c’est tout un style de société qui se reflètera.

Ces débats sont en quelque sorte une chance unique, qui ne se représentera pas de sitôt, de poser des questions fondamentales en matière d’addictions, avec ou sans drogues.

Une politique de jeu responsable implique une prise en compte de la « pyramide du risque », où l’on voit qu’une partie – la plus importante – de la population joue sans excès et sans dommages. Où la partie « malade », les joueurs pathologiques qui relèvent de soin, ne constituent qu’une petite minorité de l’ensemble des joueurs, sans doute de l’ordre d’un peu moins de 1% de l’ensemble de la population.

Mais il ne faut pas oublier qu’entre ces deux pôles existent tous les problèmes d’abus, de dérapages plus ou moins ponctuels, de pertes de contrôle passagères, qui s’avèrent lourdes de conséquences pour les individus comme pour la société.

La population dans son ensemble doit bénéficier d’une information claire et objective sur le jeu et ses conséquences. Certaines populations vulnérables (les jeunes, les personnes âgées, les pauvres, etc.) doivent bénéficier de mesures d’information et de prévention adaptées. Les joueurs qui manifestent des tendances à l’excès doivent pouvoir être avertis, alertés, avant de se mettre dans des situations irréparables. Les mesures consacrées au crédit sont par exemple ici tout à fait importantes. Et, bien sûr, les joueurs « addicts » ou dépendants doivent pouvoir être reçus dans des centres par des équipes compétentes et formées, et ce devrait être logiquement inscrit dans la mission des futurs CSAPA, qui devraient bénéficier, pour cela, des moyens nécessaires : s’il est bien de doter la prévention par un prélèvement sur les revenus des jeux, il est aussi indispensable que le dispositif de soin en bénéficie.

Mais un tel schéma ne doit pas être conçu comme une simple réponse technique à un problème de santé publique. Les addictions ne sont pas des maladies comme les autres, et, toutes, relèvent d’une dimension politique au sens le plus noble du terme.

C’est pourquoi des tâches importantes attendent la future autorité de régulation des jeux en ligne, mais aussi le futur conseil consultatif des jeux. On peut souhaiter que celui-ci regroupe des représentants des différentes parties prenantes, y compris des défenseurs de la liberté de jouer, et des adversaires des jeux d’argent, qui ont, tous, des arguments à faire valoir. A l’appui de recherches sur le jeu pathologique, mais aussi sur les évolutions du jeu « normal », il pourrait alors devenir l’initiateur d’une politique innovante dans le domaine des addictions.